Déjà disponible sur tablettes et mobiles, Motorsport Manager déboule pied au plancher sur PC et Mac pour proposer aux fous de sports automobiles la gestion d'une écurie, du choix des technologies au management de ses pilotes. Une mécanique bien rodée ou un Football Manager du pauvre ?
La saison de Formule 1 n'est même pas terminée, et son champion pas encore sacré, que cela s'agite déjà dans les paddocks pour constituer la grille de départ du prochain exercice. L'actualité de cette discipline, tombée quelque peu en désuétude, ne se repose jamais et garantit à ses aficionados une bonne dose d'excitation et de stress pendant la trêve hivernale. Il n'y a qu'à se plonger dans les forums spécialisés pour y constater le flot de passion qui découle à chaque signature de pilote ou au choix des pièces utilisées pour constituer la meilleure monoplace possible. C'est tout cet amour pour le sport auto que Playsport Games a souhaité offrir sur un plateau aux fans, prêts à programmer leur réveil à 4h du mat' pour une séance de qualifications.
Un contenu qui roule des mécaniques
Ces derniers ont donc été ravis d'apprendre que Sega portait sur PC et Mac la simulation de gestion, Motorsport Manager, qui avait connu son petit succès d'estime sur les plateformes mobiles. Un titre qui, comme son nom l'indique, nous glisse dans le costard Armani d'un patron d'écurie automobile pour donner à sa firme ses lettres de noblesse, et par la-même pérenniser son business. Malheureusement, et là constitue son plus grand défaut, Motorsport Manager ne possède aucune licence officielle, propriété de Codemasters et Koch Media. Pire : le championnat de F1 n'est clairement pas identifié comme tel, cet opus mettant à disposition des joueurs trois championnats dont un rappelant grossièrement au niveau du code couleurs et de l'identité des pilotes celui de la catégorie reine. Ne comptez donc pas exploser les records sur les circuits mythiques de Spa-Francorchamps ou d'Interlagos, même si les décors rappellent chacune des pistes du calendrier officiel. Non, pour espérer titiller les Mercedes - qui survolent actuellement la discipline - il va falloir passer des heures dans le workshop, façon ISS sur la première PlayStation, pour recréer le paddock actuel et passer de Scuderia Rossini à Scuderia Ferrari, et de Wexler à Vettel. Mais quand on aime...
Un inconvénient majeur qui est néanmoins compensé par un souci du détail hallucinant, permettant d'oublier cette absence regrettable. Car le mode carrière, inspiré de la référence du genre Football Manager, s'avère vite addictif tant il met en scène tous les éléments qui nourrissent cette douce folie pour les jeux de management, mais cette fois à la sauce automobile. Le concept reste en effet identique à FM, avec en première ligne la création de votre avatar aux compétences plus ou moins portées sur un secteur particulier (ingénieur, financier, sportif, politique), puis le choix de vos pilotes et de votre staff en fonction du budget disponible, leur coaching et, enfin, l'investissement accordé à la recherche et au développement (conception des pièces au bureau d'étude, assemblage des bolides en soufflerie, etc.).
Pas de pétrole, mais des idées
Si le système est bien entendu simplifié par rapport à la réalité, vos choix auront une résonance sur la compétitivité de vos bolides et, à plus long terme, sur la trajectoire de votre parcours, puisqu'il sera possible de grimper les échelons en changeant d'écurie selon vos résultats. Les plus pointilleux pourront donc tirer profit de leur connaissance parfaite de la mécanique pour s'octroyer un avantage décisif en course, alors que les autres se laisseront guider par un tutoriel bien foutu pour apprendre le métier sur le tas. Au final, seuls ceux qui ne jurent que par les finances n'y trouveront pas forcément leur compte, puisque le titre de Playsport Games bâcle quelque peu ce domaine en proposant une course au sponsoring du fond de grille.
En revanche, Motorsport Manager intègre une dimension politique intéressante à son gameplay. En tant que membre du GMA, association qui réunit les patrons des différentes équipes, vous pèserez de tout votre poids sur l'évolution de la discipline à travers un vote sur plusieurs sujets majeurs comme les changements de règlement ou l'ajout de tracés au calendrier. Une sorte de contre-pouvoir face à la fédération internationale, dont on peut tirer les bénéfices si on l'utilise à des fins stratégiques selon sa vision globale du marché. Il en va de même pour les relations avec les médias, qu'il ne faudra pas négliger pour ne pas abîmer votre position au sein de votre équipe. Au final, Sega, fort de son énorme expérience dans le genre, offre une expérience déjà très complète et immersive pour un premier essai.
Le Grand Prix du jury
Sur l'asphalte, Motorsport Manager tient également la route, regroupant tous les éléments qui font le sel des courses du week-end sans envahir l'esprit des néophytes. Leur retranscription en 3D vue de dessus n'est pas des plus dingues esthétiquement parlant, mais reste très soignée avec de jolis effets climatiques et un arsenal d'informations impressionnant, disponibles à l'écran. Elle n'a rien à envier aux diffusions sur Canal+, puisqu'aucun paramètre important n'est oublié, de l'état de dégradation des pneus montés au nombre de tours d'essence restant, en passant par les temps réels et les écarts avec le leader. Bien entendu, un large onglet accordé aux réglages et à la stratégie est disponible. Il est d'ailleurs majeur tant les options, que ce soit au niveau des consignes données à vos pilotes ou à vos mécaniciens en temps réel et lors des arrêts au stand, demeurent réalistes. On sent néanmoins que les développeurs en gardent encore sous le pied, niveau variété des situations. Mais pour un premier jet, l'essentiel est là.
Avant de prendre le départ d'un Grand Prix, vous aurez l'opportunité de revoir en détail les réglages de vos monoplaces en consultant les retours et impressions de vos protégés. Un volet primordial puisque ceux-ci s'avèrent précis et que vous allez les subir tout au long du week-end. A vous donc de trouver le meilleur compromis possible entre fiabilité et vitesse, pour mettre vos pilotes dans les meilleures conditions possibles. Ces repères ne sont pas faciles à maîtriser, mais font tout le charme du titre, la marge de progression étant exponentielle selon votre degré d'implication. Plus vous passerez du temps les mains dans le cambouis, meilleures seront vos performances sur le circuit. Et pour peu que vous preniez le train du sommeil en marche au fil des tours et des Grands Prix, les développeurs ont pensé à accélérer le temps pour que vous vous consacriez exclusivement aux temps forts de la course.